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  • Photo du rédacteurSalon Collectionneurs

Les tricotins d' Annette Pestel.


Pour cette 11e collection de ce salon virtuel, nous présentons celle de Annette Pestel, présidente de l'association des collectionneurs, qui voue une passion particulière pour ce petit instrument cylindrique pourvu de quatre pointes qui permet de tricoter en rond d'étroites cordelettes tubulaires. Estriquinophile (collectionneuse de tricotins), Annette Pestel a confié à Guy Castel, membre de l'association qu'elle préside, le soin de nous raconter l'histoire du Tricotin.





L’origine :


Né au cœur de l’art populaire, le tricotin se présentait sous la forme d’une corne dentelée ou de bois tourné, creux sur toute sa longueur et pourvu à une extrémité de quatre petites pointes métalliques. Il était utilisé jadis pour confectionner des rênes pour les chevaux ou des lanières tressées de fouets.




Le tricot sans aiguilles :


Cet art n’est pas d’invention récente, il est mentionné dans de très vieux livres ou « ouvrages de Dames » bien avant le 19ème siècle. Les métiers sur lesquels il était exécuté portaient le nom de « Peignes à tricoter » Ils étaient droits ou circulaires, selon qu’on voulait obtenir une bande de tricot simple ou double.

Sur ces peignes, on se bornait à fabriquer des cache – nez de très grosse laine. A la fin du 19ème siècle, ils ont été abandonnés au profit de bobines garnies d’épingles ou de clous ou encore de bouchons percés d’un trou, pour confectionner des chaînettes de laine.

Au début du 20ème siècle, ont ainsi été réalisées des chaînettes, en laine ou en cuir, pour attacher paquets ou livres, des porte – clés ou porte – ciseaux, des cordons de montre ou de lorgnons, des guides ou des lanières de fouets. Plus complexes, des ouvrages comme des dessous de lampes ou de plats, des bretelles, des cordons à sonnette et du tissage.




Naissance du tricotin moderne :


Marque déposée par les filatures de la Redoute vers 1924, le nom tricotin est devenu au fil du temps, un nom commun. La même firme a créé la marque le Pingouin pour sa gamme de luxe.

L’origine de la vogue du tricotin coïncide avec la reconversion de la Redoute en maison de vente par correspondance. Au lendemain de la Grande Guerre, les filatures de Roubaix, ont cherché à écouler leurs surplus de laine par voie d’annonces.

Le tricotin était né comme objet promotionnel et éducatif, vendu 6 francs de l’époque ou distribué gracieusement aux directeurs d’écoles et institutrices qui passaient commande de laine. L’engouement des petites filles pour cet objet astucieux et peu encombrant n’a pas tardé.

A une époque plus récente la maison d’édition et de jeux pour enfants Nathan a commercialisé auprès des établissements scolaires des boîtes cartonnées contenant six tricotins identiques à usage éducatif pour les élèves.

Les autres filatures de laine, Bécassine, Bergère de France, Phildar, et les boutiques spécialisées, les grands magasins comme La Samaritaine ont emboîté le pas à la Redoute en créant des marques similaires comme Jeannette la Tricoteuse ou Madelon la Tricoteuse, Le Tricot Joli, Tricot Baby, Ma Poupée Chainette, par exemple.

Des commerces de proximité ont pu offrir à leurs clients, soit en cadeau soit comme gage de fidélité, un tricotin. Nous connaissons au moins deux exemples : une boucherie parisienne et une mercerie à l’enseigne du Bout’Laine




Les figurines :


La forme même de l’objet, le plus souvent en bois sculpté ou tourné incite à lui prêter une silhouette humaine, anonyme ou célèbre, voire en forme d’animaux, d’œufs, de lampes, de champignons, de bilboquets etc.

Le tricotin le plus célèbre et le plus populaire, que certains ont qualifié de « tricotin du pauvre », était composé d’une simple bobine de fil vide sur laquelle étaient cloutées quatre petites pointes.

Parmi les pièces les plus anciennes et les plus intéressantes pour le collectionneur, les tricotins en composition, plâtre, plâtre et farine, papier mâché, porcelaine et terre cuite, représentant notamment Charlot ou la célèbre Bécassine ( personnage né le 2 février 1905) et la pelote de laine Phildar créée par le dessinateur Benjamin Rabier : personnage bipède posé sur un socle, son corps et sa chevelure sont constitués des deux extrémités de la pelote et son visage par la partie médiane de la pelote de laine.

A noter un tricotin représentant un chinois qui n’est pas sans rappeler le personnage de Hergé dans l’album Tintin et le Lotus Bleu.

Reste cependant une énigme a résoudre : Dans les années 1920 – 1930, le monde de la décoration utilise l’imagerie Hollandaise. Véronique Quellier – Guillois écrit dans son livre « La Cafetière de ma Grand – Mère » (2002) « D’autres décors, plus rares, reprennent des paysages souvent inspirés de la Hollande : bateaux, moulins à vent… » Au cours de la même époque un fabriquant de tricotins va également faire appel aux personnages traditionnels, homme ou femme, vêtus de costumes folkloriques hollandais. D’où vient cette vogue ?

Toute une panoplie de personnages a été déclinée et avec l’apparition du plastique le fameux saint Jean Baptiste, patron des bergers, les champignons ou encore le Pierrot..

Les fabricants de tricotins ont été essentiellement concentrés dans l’Est de la France, principalement dans le Jura, autour de Moirans. Le tricotin en bois, outre son utilisation comme jouet, a pu servir à orner le manche d’un parapluie ou les extrémités d’une corde à sauter pour les petites filles ( témoignage d’un fils de fabricant poitevin en 2000).




Les usages divers :


Le témoignage d’avril 2006 d’un habitant de La Montagne ( Loire Atlantique ) né en 1932 et scolarisé dans la localité durant l’Occupation en 1942, nous a permis de connaître un usage de la chaînette – tricotin jusqu'à ce jour méconnu.

L’élève du Cours Moyen, âgé de 10 ans (dont le père restera déporté en Allemagne deux ans et demi) fit des « kilomètres de chaînette » avec les autres enfants de sa classe sous l’égide de l’enseignant.

« Les cordelettes étaient ensuite tissées à l’aide d’un carré de bois de 20 centimètres sur 20 et clouté sur le pourtour tous les 2 cm. Les carrés ainsi obtenus étaient assemblés par les femmes couturières pour former un patchwork à usage de couverture. Les couvre- lit étaient expédiés aux prisonniers de guerre dans les stalags en Allemagne. Si nous manquions de laine, nous défaisions de vieux pull-overs. »

Pour ce faire il y avait deux techniques : l’une consistait à former une pelote ronde de laine, l’autre à l’aide des deux avant – bras d’une tierce personne à former un écheveau qui pouvait plus aisément être lavé avant réutilisation.

Les représentations modernes :


La vogue des petits jouets Kinder est arrivée en France via l’Allemagne vers la fin des années 1970. Datant de 1978 – 1980, un élément Kinder représentait un tricotin en plastique banc accompagné de sa petite aiguille rouge et d’un mode d’emploi rédigé en langue allemande : « Hallo ! Ich bin die fleiBige Liesel »

En 2001, L’association la J.A.C.V du Vaudreuil dans l’Eure a fait fabriquer pour les fabophiles une série limitée de quatre fèves de galette des Rois. De forme ronde, tricotin en relief, les fèves sont déclinées en quatre couleurs : rouge, jaune, bleue et verte. La série est répertoriée sous la côte de l’A.F.F : 20/2001.

En guise de conclusion :


Le grand livre du tricotin est toujours ouvert. La vogue de la chaînette en laine ne se démenti pas notamment dans les Centres de Loisirs ou les animateurs s’en servent pour confectionner des objets décoratifs. Par ailleurs les jouets en bois ont de plus en plus la côte. A Noël ils reprennent une place de choix aux pieds des sapins et des cheminées.

Ainsi, à l’avenir, d’autres chapitres de l’histoire du tricotin sont et seront encore à écrire.




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